Jonathan Michel
Titre provisoire de la thèse
Direction et co-direction
Marie Cartier et Boris Gobille
Résumé : Cette thèse prend pour objet les déviations de trajectoires des militants d'extrême-gauche qui, après des études supérieures, en viennent à s'insérer dans un emploi d’exécution peu qualifié afin d’y construire un travail de politisation dans la classe ouvrière. Cette mobilité à contre-sens s'est faite connaître historiquement sous le nom d'"établissement". Jusqu'ici, les "établis" ont déjà fait l’objet d’études historiques et sociologiques, mais celles-ci ont été circonscrites à une population très particulière, celle de jeunes hommes très diplômés pendant les années 68. Un des objectifs est donc d’ouvrir le prisme d’appréhension empirique du phénomène en s’intéressant à ses métamorphoses des années 1960 à nos jours, en objectivant les types de déclassements en jeu et en explorant les diverses modalités de la pratique en fonction des trajectoires individuelles mais aussi des organisations politiques auxquelles elle se rattache et de leur position dans le champ politique. Élargir le cadre d’étude permet donc de revisiter la pratique sociale au prisme d’une approche en termes de socialisation et d’interrogations sociologiques contemporaines rarement articulées entre elles. En effet, en décomposant l’établissement en un renoncement aux aspirations sociales liées à une position d’origine, une resocialisation professionnelle au travail ouvrier sans socialisation préalable et une pratique militante au sein de la classe ouvrière, on découvre un objet fécond pour poser plusieurs questions sociologiques générales tout à fait importantes : quels sont les usages politiques du déclassement social et scolaire ? Quelles sont les articulations entre socialisation primaire et socialisation secondaire? Comment les idées politiques se diffusent-elles ou non dans les classes populaires ?
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