Saskia Meroueh

Marie Cartier et Martine Court

Résumé : Cette thèse aura pour objectif de mettre au jour les cadrages économiques, moraux et juridiques d'espaces légitimes du travail enfantin dans une économie développée ainsi que les effets socialisateurs de ce travail sur les enfants. En effet, alors que les enfants ont progressivement été éloignés de la sphère productive dans la société française, du fait de l'amélioration des niveaux de vie, de l'allongement de la scolarité obligatoire ou encore de la diffusion de nouvelles normes de puériculture, certains font toujours l'objet d'usages économiques et ont accès à des espaces de professionnalisation précoce, notamment dans les arts du spectacle où ils peuvent bénéficier de dérogations à l'interdiction du travail des enfants.  Le dispositif d'enquête croisera une analyse d'archives, à partir de documents du Ministère du Travail, et trois terrains ethnographiques socialement contrastés, les enfants circassiens, comédiens et youtubeurs, afin d'étudier des mises au travail différenciées ainsi que les luttes de définition autour de ces activités lucratives plus ou moins considérées comme du "travail". Pour enquêter sur les enfants travailleurs dans la société contemporaine, les outils et apports de deux champs habituellement éloignés, la sociologie du travail et la sociologie des enfants, seront mobilisés conjointement. Du côté de la sociologie du travail, la thèse contribuera à la compréhension d'une forme atypique de mise au travail qui ne s'inscrit pas dans les normes de contractualisation classique ; du côté de la sociologie des enfants, elle visera à étudier ce que le travail fait aux enfants et comment ces derniers vivent eux-mêmes cette professionnalisation.