Soutenance de thèse de Saskia MEROUEH

Des enfants travailleurs dans l'audiovisuel ? Rendre acceptable un interdit moral

Jury :

Rapporteures avant soutenance :
Juliette RENNES Directrice de recherche CNRS, CEMS, EHESS
Maud SIMONET Directrice de recherche CNRS, IDHES
Examinateurs :
Clotilde LEMARCHANT Professeure des Universités, CLERSÉ, Université de Lille
Marie-Clémence LE PAPE Maîtresse de conférences, CMW, Université Lumière Lyon
Marc PERRENOUD Maître d’enseignement et de recherche, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
Dir. de thèse : Marie CARTIER Professeure des Universités, CENS, Nantes Université
Co-dir. de thèse : Martine COURT Maîtresse de conférences HDR, LAPSCO, Université Clermont-Auvergne
 

Résumé :

Alors que l’interdiction du travail des enfants apparaît comme une évidence dans les économies occidentales, cette thèse s’intéresse aux conditions d’acceptabilité des mises au travail enfantines qui persistent dans celles-ci. En se fondant sur des archives inédites, une enquête par entretiens auprès de parents, d’agents administratifs et de cinéastes, ainsi qu’une enquête par questionnaire, elle étudie les variations historiques et sociales de l’acceptabilité du travail enfantin dans le cinéma, la télévision, le mannequinat et la publicité.

Dans une perspective sociohistorique, la thèse montre que la diversification du travail enfantin rémunéré et son extension à de nouvelles sphères économiques sont une tendance non négligeable des sociétés capitalistes contemporaines. Elle analyse l’évolution des critères de légitimation de ce travail, qui s’émancipent progressivement de justifications éducatives au profit d’arguments économiques. Elle montre ainsi comment les logiques de l’économie capitaliste façonnent fortement les contours de la protection de l’enfance au travail. La thèse analyse également la morphologie sociale des enfants salariés et met en lumière les logiques sociales qui conduisent les parents à accepter, voire à désirer, que leur enfant travaille, malgré les réprobations morales dont ces mises au travail peuvent faire l’objet. Enfin, elle fait apparaître que l’espace du travail enfantin dans l’audiovisuel est un espace de confrontation entre classes sociales : elle montre que les types d’activités salariées et le contenu du travail (en termes de conditions de travail, de rôles interprétés, de rémunération) sont dotés d’une inégale légitimité en fonction de la position sociale des familles, ainsi que de l’âge et du sexe de l’enfant.